Le vol de nos vêtements et les alentours de Cusco

À 22h on rentre du Machu Picchu, bien crevé. On laisse Florian puis on fonce récupérer nos sacs dans l’ancien hôtel pour se diriger vers le nouveau. Au passage on prend des trucs à manger, (Florian a eu la bonne idée de nous indiquer que le Mac Do était sur notre trajet !). Le nouvel hôtel est un peu perché, y accéder n’est pas chose facile. Ouf, nous voilà enfin posé : manger et DODO !

On ouvre nos sacs, je lance à Manon : “hey, mon T-shirt marron était sur le dessus, j’en suis certain vu qu’il était encore humide je l’avais mis ainsi, et je le vois plus.”

“Attends Kévin je sais pourquoi”, s’exclame Manon. Je m’enthousiasme à l’idée qu’il soit dans le sien.
Elle bondit : “Mon sac a été fouillé, tout est en bordel jusqu’à la moitié, ils ont tout touché, et il me manque mon autre pantalon”.

Ô desespoir. Le repas passe moyen dans nos estomacs resserrés, on retourne directement à l’ancien hôtel, à 10 minutes d’ici.
Le gardien de nuit nous ouvre (il est déjà 23h). On lui explique le problème, il affirme que ce n’est pas possible la nuit, il est tout seul ici. Bref, il fait le gentil, rassurant, tout le contraire de 2 jours plus tôt quand il m’a croisé dans la cuisine en train de faire des pâtes et qu’il ne savait pas qu’on avait l’autorisation. Il nous dit de revenir le lendemain matin car les autres réceptionnistes ont les accès pour visionner les vidéos, car oui, dans notre malheur c’est un hôtel où il y a des caméras partout. Sur ce, on part, mais j’aime bien les choses carrées, et le gars ne m’inspire pas, on interpelle donc la police depuis la place des armes de Cusco.
On leur explique l’histoire, et on retourne avec eux à l’hôtel. L’attitude du gars de la sécurité change. Il est beaucoup plus gêné, stressé, mais leur débite le même discours.
Les flics nous emmènent faire une déposition au poste. Ils écrivent tout à la main, c’est long, on rentrera à l’hôtel à seulement 2h du matin, après avoir conclu qu’on retourne à l’ancien à 7h pour visionner les vidéos avec la police. Après cette énorme journée petit moment de bonheur : prendre une douche ; mais ça ne sera pas possible car la pression d’eau n’est pas assez puissante à certaines heures -dont la nuit- pour atteindre le 3ème étage de l’auberge. Du coup, petit dodo, sale.

Après à peine 5h de sommeil, la fatigue accumulée se ressent, les courbatures des jours précédents nous disent “Coucou !”, mais à 7h on est bien à l’hôtel, beaucoup trop stressé, angoissé et énervé pour dormir. Sur le fond c’est qu’un T-shirt et un pantalon. Mais l’acte même de se faire voler, se faire fouiller la seule maison que l’on a depuis 4 mois, c’est pas facile à encaisser, je dirais même plus, c’est assez difficile.

La belle place sans ombre de Cusco

La belle place des armes sans ombre de Cusco

Bref, à l’hôtel la femme de la réception, qui est la seconde du propriétaire, affirme que seul ce dernier a le mot de passe pour accéder aux vidéos. Déjà la veille le gardien avait essayé de le joindre, mais ça paraît mission impossible car il est en vacances à Lima, et ils ne savent pas quand il revient. C’est fou. Propriétaire de plusieurs hôtels et le gars est injoignable. La femme de la police judiciaire nous explique qu’il n’y a pas grand chose à faire tant que le propriétaire ne coopére pas. Il est d’ailleurs connu pour ne pas coopérer facilement. C’est plutôt balo.
“Et si il meurt, y’a aucune solution de secours pour visionner ces vidéos ?” lui lance t-on exaspéré.
La femme de la réception dit qu’elle va convoquer tout le personnel et nous tenir au courant.

On rentre à l’hôtel, et vous vous doutez que notre journée est très très moyennement productive, physiquement parlant en tout cas, car le cerveau lui, il fuse. En réfléchissant on se dit que le coupable est très certainement un employé, et qu’il devrait rendre les affaires en espérant qu’on retire la plainte. En effet, un touriste n’a pas accès à cette salle et n’aurait pas volé juste 2 vêtements, n’aurait pas pris le temps de tout enlever du sac et tout remettre correctement. Seul un membre du personnel de l’hôtel a pu prendre ce temps, un personnel qui a les clés, et qui pensait qu’on partait de la ville vu qu’on n’avait pas réservé d’autres nuits, un personnel qui ne pensait pas qu’on s’en rendrait compte et pensait qu’on ne reviendrait pas pour ça et encore moins avec la police. Quelqu’un comme le personnel de ménage qui manque d’argent alors qu’il a un travail prendrait-il le risque de le perdre ? Ou plutôt le type de nuit qui aurait voulu se venger de notre présence dans la cuisine et le ton froid avec lequel je le remballais, qui avait le temps vu que la nuit il n’y a pas beaucoup de passages et qui paraissait stressé devant les policiers ? Nos soupcons portent sur lui, mais on garde ça pour nous.
On retourne au lit, exténué. Anecdote classique ici, il ne faut pas lâcher ses affaires dans n’importe quelle lingerie. On récupérera les nôtres en fin de journée lavées uniquement à l’eau, résultat, ça sert pas à grand chose, mais ça coûte 3€. Cette première fois en laverie sera donc une dernière, mieux vaut continuer à tout laver à la main.

Le mercredi 6 août 2014, on toque à notre porte dans la matinée. C’est la femme de l’ancien hôtel qui cherche à nous joindre et a donc appelé le nouvel hôtel. Elle voudrait que l’on vienne. Hop hop hop, on sort du lit et 15 minutes plus tard on se retrouve devant elle, nous expliquant que les personnes faisant le ménage ont dit avoir trouvé des vêtements dans la chambre 301.
“On sait tous les 3 que c’est faux n’est-ce pas ?”.
Elle nous montre un premier sac avec un pantalon qui n’est pas à nous. Serait-ce un test qu’elle nous fait passer ? Mon cœur bat la chamade, au deuxième sac : mon t-shirt suivi du pantalon de Manon, explosion de joie intérieur !
Elle nous demande de retirer la plainte pour l’image de l’hôtel, qu’elle va s’occuper du coupable et qu’il ne travaillera plus ici dès demain.
Elle dit que le coupable est une personne qui a besoin d’argent, et qui n’est là que depuis 2 semaines. D’un air désintéressé je demande si c’est un garçon ou une femme. En réalité je sais très bien que seul UN garçon travaille ici 🙂
Elle s’embrouille un peu, semble incertaine, puis répond qu’elle ne sait pas qui est le coupable, elle n’a que des suppositions, qui seront confirmées quand elle verra les vidéos. Manon semble ok pour retirer la plainte, en revanche la femme voit bien que je ne suis pas chaud du tout. Il y a un voleur dans cet hôtel et je veux être certain qu’il ne recommencera pas. La femme a beau être gentille, on pense aux futurs touristes, on laissera donc la plainte afin que la police poursuive la procédure judiciaire, visionne la vidéo et coupe les mains du voleur pour que justice soit faite.

Bon et sinon Cusco c’est comment ? La ville est plutôt jolie -commentaire très objectif bien sûr-, bien que lors de notre passage, des axes principaux du centre ville soient en GRAND CHANTIER. Autour de la place des armes on se fait littéralement emmerder chaque mètre pour des excursions par-ci par-là, mais surtout pour aller faire le Machu Picchu. Bizzarement, les racoleurs ne nous ont plus proposé d’excursions pour le Machu Picchu après qu’on y soit allé. Nous devions probablement suite à notre trek, dégager des essences spirituelles que seul le peuple de Cusco peut ressentir. On tente aussi de nous vendre des tas de bricoles inutiles, mais ceci est assez redondant dans les grandes villes peruviennes apparemment -c’était pareil à Arequipa.

Soulagé d’avoir récupéré nos vêtements, on se sent déjà plus apaisé et on ne sera pas laxiste aujourd’hui. Programme de cette journée qui commence bien : visiter les ruines les plus proches de la ville, et en mode “sans excursions”. On profite du petit déjeuner de l’hôtel à volonté avec vue sur la ville histoire de prendre des forces ! En début d’après-midi, après avoir vérifié avec l’office du tourisme comment s’organiser, on choppe un bus de ville allant à la ruine la plus lointaine (à 30 minutes de là), elle s’appelle Tambomachay. Pour accéder aux sites de la journée, on achète dès le premier un ticket dit “partiel” à 70 soles (20€) chacun. Le billet “total” à 130 soles permet de visiter encore plus de ruines, plus lointaines, mais on se dit qu’on manquera de temps les jours suivants.

Une rue de Cusco avec son vendeur. Une vue classique ici

Une rue de Cusco avec son vendeur. Une vue classique ici

Ce premier site, Tambomachay -photo tout en haut de cette article-, c’était une sorte de station balnéaire Inca. On se sent déjà fatiguė en montant la bute permettant de découvrir tout le site, il semblerait qu’on ait encore du Machu Picchu dans les pattes ! En même temps quelle idée d’aller se percher à chaque fois !
A 10 minutes d’ici en marchant, on découvre le second site, une place forte Inca nommée Pukapukara. Tout ça se visite très vite, les sites sont assez petits. En s’attardant : 10 minutes et le tour est fait.

À la sortie, un gars nous aborde, très sympa, et nous confirme comment rejoindre le prochain site : soit marcher 1h, soit prendre un bus. Le choix est vite fait, et 10 minutes plus tard on est à Q’enqo. A l’entrée, un guide propose ses services : “Ce site est très important et intéressant, les incas y faisaient des sacrifices pour les dieux, sur la pierre centrale”. Bon, ben du coup on sait l’essentiel non ? Merci ! Ce site est encore plus petit, on en sort et une femme du parc archéologique débauchant nous propose de nous accompagner vers le prochain site. Elle nous montre la voie, on continue seul, passant sur de grandes plaines avec moults personnes jouant aux cerfs-volants. D’un côté le site que nous cherchons, de l’autre la statue San Cristobal, comme celle de Rio de Janeiro. L’accès est gratuit ? Et ben petite boucle pour la voir de plus près, et admirer la vue sur la ville de Cusco puis nous recoupons à travers champs pour accéder au dernier site prévu : Saqsayhuamán.
Des blocs de pierres impressionnants, mais les derniers jours de fatigue se ressentent, et on fait l’impasse sur le fait de monter sur une quelconque bute pour admirer le site entier. D’autant plus que ce site, contrairement aux autres, est très grand, mais surtout envahi de touristes ! On se contente de marcher sur du plat dans ce dernier lieu Inca, puis nous regagnons Cusco en contrebas. Pour info, faire cette journée de visite par nous même plutôt qu’en excursion nous a coûté (hors billet d’entrée) 1€ à 2 au lieu de 20€.

Petite anecdote du soir. En remontant la longue pente menant à l’hôtel, dépité de ne pas avoir trouvé de pain, on apercoit une femme avec plein de pain, rentrant probablement chez elle. On lui demande où elle l’a trouvé, elle nous répondra que tout est fermé à cette heure là et nous donnera gracieusement un des siens. Les petits gestes qui nous surprennent, les Peruviens sont parfois louches, et d’autres fois très adorables. 🙂

Le 7 août sera une journée de repos, histoire de se remettre physiquement et de toute façon, ça pleut ! On a bien fait de pas aller visiter les ruines encore plus lointaines. Le lendemain, on recroise une ultime fois Katia et Julien, les 2 français qui nous avaient conseillé l’hôtel où nous sommes. Avant de partir de l’hôtel, (ou plutôt l’auberge d’ailleurs) le personnel qui s’en occupe est une fois de plus adorable. Ils nous conseilleront pour notre prochaine destination, Nasca, quelle compagnie prendre si on veut survoler les lignes, et ils nous conseilleront également des lieux d’hébergement pour les villes suivantes de notre périple. “La Casa Del Inca” est clairement une superbe auberge, tant pour la vue sur la ville -que nous avions en sortant de la chambre et au petit déjeuner- que pour ses propriétaires qui nous feront des câlins avant que nous partions.

Sur le coup des 18h, nous quittons Cusco en bus de nuit. Manon ne sait toujours pas si elle va vouloir survoler les mystérieuses lignes de Nasca, moi je suis chaud. C’est parti mon kiki !

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