L’inaccessible Désert de l’Atacama

72h pour faire 1800km, c’est ce qui nous attend. Heureusement, on ne le sait pas encore. Voilà ce qu’on a prévu : faire Córdoba – Salta, puis Salta – San Pedro de Atacama. Tout ça doit prendre 29h, en comptant les 2 heures de correspondance.

Une nouvelle fois on avait des signes avant coureurs dès Córdoba : le bus a plus de 1h de retard au départ. L’organisation est très mauvaise, et ce qui nous fout les boules, c’est qu’on n’a pas pu profiter des délicieuses crêpes toutes justes préparées. Mais bon, on positive, on peut en refaire où on veut 🙂

Le bus arrive à Salta avec 1h50 de retard, soit à 00h50, 10 minutes avant notre correspondance pour San Pedro. Le bus pour San Pedro n’est toujours pas là, il nous reste 20 pesos argentins en poche, ils passeront en bricole. Alors que Manon revient vers moi toute contente d’avoir pu dépenser nos derniers pesos, je lui annonce une mauvaise nouvelle que des anglais viennent de me lancer : notre bus pour San Pedro n’arrivera jamais. La confirmation de cette annonce vient d’un chauffeur d’un autre bus de la même compagnie. Sur le coup des 2h du mat’, ça nous fait froid dans le dos.. Aucune annonce n’est faite, ici, faut aller à la pêche aux infos. Du coup, on dort dans le terminal afin de sauter sur l’ouverture des guichets à 8h. On n’est pas les seul à dormir ici, la température ambiante est de 10°C, on dormira peu, et mal, vous vous en doutez !

on roule à 15km/h, mais vu la route ça nous va !

On roule à 15km/h, mais vu la route ça nous va !

On sera au taquet toute la journée pour savoir quand on peut partir, le problème étant que la frontière Chilio-Argentine est fermée à cause de la neige. Accessoirement y’a aussi le problème qu’on n’a plus de liquide -et dire qu’on était tellement content d’avoir tout dépensé jusqu’au dernier peso !-, heureusement, le seul café-restau du terminal accepte les CB -et elle fonctionne surtout, ô joie-, ça nous permettra de nous nourrir.

On alterne entre prises d’infos et somnolence, car on est littéralement HS. Le froid de la nuit précédente lié à la fatigue nous a épuisé, et le froid de la journée n’y arrange rien ! J’aborde deux françaises que j’entends se poser derrière moi. La mère et la fille, cette dernière étant une vraie pile (Valérie 😉 ). Elles sont bloquées ici depuis 3 jours et doivent retourner au Chili car elles y bossent. Les compagnies de bus refusent d’ailleurs de vendre des billets tant qu’ils n’ont pas de certitude quand à l’ouverture de la frontière. Un vendeur d’une agence comprend notre situation et nous propose de garder gratuitement nos sacs, et nous donne un numéro -réservé aux entreprises- pour appeler la frontière afin de connaître l’état de la neige et donc ouverture éventuelle de la frontière. On ne fera pas appel à ce numéro car les 2 françaises viennent d’avoir la certitude que le bus de 1h du mat’ partira. Il est 17h. Le temps est d’un long quand vous avez froid, seuls les boissons et aliments chauds nous feront planer sur un nuage de chaleur. Manon voit les quarts d’heure défiler. In-ter-mi-nable. Enfin si, ça se termine rassurez-vous. Je redemande une ultime fois sur le coup des 22h si c’est sûr et certain que le bus partira -car on a moyennement envie de se retaper une nuit ici-, « Pas de soucis c’est sûr et certain ».

Minuit trente, au taquet, le bus est là et décolle à 1h, comme prévu -en dehors des 24h en rabe-. On est censé arriver vers 7h à la frontière, et 10h30 à notre destination. A 9h j’ouvre les yeux, le bus est arrêté depuis plus de 3h. C’est beau mais c’est con de ne pas avancer. Les multiples routes sinueuses et gelées de la cordillère feront flancher plusieurs camions qui se mettent en travers de ces routes aux bords abruptes. Le bus redémarre et slalom entre les bus arrêtés, les camions qui patinent et ceux accidentés, tout cela en frôlant les fossés. A ce moment il ne faut SURTOUT PAS regarder par la vitre, on voit juste : le vide. En se penchant au ras de la fenêtre : la roue à 50cm du vide. A côté de moi : Manon me regardant, sans doute voulant immortaliser une potentielle probable ultime vision agréable.

Lonnnnnnngue file de camions suite à un travers de l'un des leurs un peu plus bas

Lonnnnnnngue file de camions suite à un travers de l’un des leurs un peu plus bas

On arrive à la frontière à 15h. Il fait chaud au soleil, genre 18 degrés, mais le vent, lui, tourne plutôt vers les 3°C. Histoire d’augmenter les contrastes, dans le bus c’est une fournaise, 28 minimum, le soleil tape fort. On arrive à la douane argento-chilienne -perchée à environ 3500 mètres quand même-, jamais les gars n’ont tamponnés nos passeports aussi rapidement ! Mais pourquoi donc ? Car c’est la mi temps du match de foot Chili-Brésil ! On remonte dans le bus rapidement et là…. Attente. Je commence à avoir pas mal de douleurs à la tête, l’altitude sûrement.

Après une heure on n’a toujours pas décollé. La pile française, Julie, va à la pêche aux infos : le chauffeur est allé se planquer pour regarder le match de foot ! J’imagine que ça en fait rigoler plus d’un lisant ces lignes, mais entre Julie qui a du boulot urgent pour le lendemain -elle à une boîte de voyage de luxe-, et moi qui commence à avoir des débuts de malaises dû à l’altitude du col où on est : on a bien les boules. Putain de footeux, une vraie religion ici. Julie me donne de la caféine pour me booster, car voir des étoiles blanches partout commence à craindre quand même. Manon et d’autres passagers ont également mal à la tête. Le bus démarre, je suis pas au bout de mes sensations puisqu’on passe par un col à plus de 4000 mètres. Respirer calmement et essayer de dormir en ayant les pieds surélevés seront quasi mes seules préoccupations désormais. Julie donne également un cachet de caféine, son dernier, à Manon qui se sent un peu plus mal : bienvenue dans le monde des nauséeux !

Deux heures après avoir quitté la frontière on arrive enfin à destination. Entre les différences de température, le mal de l’altitude et la fatigue, je ne sais pas trop lequel nous accable le plus, mais dans mon coeur une chose me fait énormément plaisir : on est arrivé dans le désert le plus aride au monde, San Pedro de Atacama.

Salar du Desert de l'Atacama

Salar du Désert de l’Atacama

3 thoughts on “L’inaccessible Désert de l’Atacama”

  1. Bon ….il serait temps de vous poser un peu pour soulager vos neurones ….que de fatigue …vos organismes trinquent …esperons un moment de calme sans route …dodo et profitez ( en regardant du foot !!!!)

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