Port Antonio, changement de plans

On arrive à Port Antonio, il est 17h15, nous sommes le dimanche 4 mai 2014. Notre cher Courtney nous présente plusieurs maisons d’hôtes (guest house), mais elles ne conviennent pas pour X raisons, non pas que nous soyons exigeants, mais on prend note de nos précédentes erreurs, et si ça ne nous dérange pas d’être dans une chambre pourrie, en revanche ça nous dérange quand y’a ni moustiquaire, ni wifi, et qu’on est à 1h à pied du centre ville. Bref, après 1h à tourner en rond, à attendre le Courtney qui ne peut pas s’empêcher de parler à tout le monde, voyant qu’il ne dénichera pas notre bonheur, je lui dis qu’avant de partir de Kingston j’avais noté juste le nom d’une rue pour une guest house qui pourrait convenir, car à 5 min à pied du centre.
Courtney prend alors fièrement son GPS et me lance “il n’y a rien que ce GPS ne trouve pas”. Mais il ne trouva pas mon adresse. Hé hé.
Assez débrouillard il trouve l’adresse, puis on déniche la guest house avec un gros coup de bol : maison blanche devenue verte, et le contact que j’avais eu qui était parti en Australie, mais bon, le maître des lieux, nommé sobrement Rastaman, était là, fièrement planté avec un chapeau de dreadlocks sur la tête (les dreadlocks c’est les grosses nattes que font les rastas avec leurs cheveux).

On visite les lieux, vu le prix ($2000JMC, soit 14€ la nuit pour 2) c’est impeccable (comprenez, moins de 2 bestioles au mètre carré) . On est donc proche du centre ville. Ici, pas de wifi, ni d’eau chaude, mais ça, c’est pas le plus important. J’avoue qu’à ce stade du périple notre occupation principale c’est de ne pas éclater le budget (Antho, petite pensée pour ton périple en Asie 😉 ), et là, on peut encore rattraper le coup de l’addition salé (“salé” au second degrés bien sûr) de l’autre burne de Courtney. Ce dernier nous paiera un coup à boire au bar juste à côté de la guest house de Rastaman. C’est pas qu’on insistait un peu, mais quand même, on restait à côté de lui au bar à ne rien commander, tout était dit :p
Grâce à nous il tenta de draguer la serveuse du bar, tenta de se faire pote avec Rastaman et visita sa maison, puis glanda dans le bar jusqu’à bien 23h.

Le lendemain, on prévoit de visiter les lieux -pas la chambre hein, la ville-, puis faire du repérage pour nos excursions à venir. Mais la journée va beuguer à cause d’un voleur.

A 10h30 on se lève -toujours aussi matinaux- et qu’elle bonne surprise de voir que notre Rastaman nous a préparé des petits déjeuners salés (au premier degrés cette fois) et laissé un petit mot, la journée commence bien ! À 11h00 l’eau se coupe, nous obligeant à finalement migrer sous une chaleur accablante.

On traine un peu, beaucoup nous proposent de nous emmener par-ci, ou par-là. On est sur la défensive, puis un gars que l’on croise nous propose de nous aider, méfiant, je refuse. Il paraît sympa et insiste un peu, je lui demande alors où je peux trouver un centre de plongée, il nous l’indique, en nous disant qu’on n’a pas à s’inquiéter, les gens sont sympa ici. Bon ok c’était juste un renseignement, mais je sais pas, je sentais chez lui un truc louche, type commercial. Le centre est fermé, on cherche donc un cybercafé pour vider nos appareils numériques, on tombe alors par hasard sur un gars qui nous propose de nous y guider, allez !
Ce gars est très important pour la suite de l’histoire, il s’appelle Mickaël. En 2 minutes on arrive à ce cyber. Il reviendra 1h plus tard pour nous demander si il peut aider, il nous emmène alors dans un restau vraiment pas cher -c’est ce qu’on avait demandé-, bien placé, où on se ravitaille comme il faut. Là il nous dit qu’il peut nous emmener à “Blue lagoon”, c’est vraiment top pour faire du snorkeling (de la plongée sans bouteille en fait, comme on avait fait à Cozumel). On lui expose clairement notre budget, on voyage en mode “le moins cher possible”, donc pour la journée : pas plus de 3000$JMC. On lui demande d’écrire clairement sur papier ce qu’il pense donner comme prix, 4900 tout compris. Ça dépasse mais on se dit que si ça vaut le coup, allez hop ! On est là pour en profiter aussi, au pire le lendemain on amortira l’excès en se reposant.

On trouve rapidement un taxi, 700 par tête aller-retour au Blue-Lagoon, si c’est les prix, pourquoi pas, on a été habitué à pire depuis qu’on est là. Sur la route quelques arrêts pour prendre des photos des paysages. Dix minutes plus tard, on arrive sur place, c’est pas très loin en fait. Le tarif pour le snorkeling n’est plus le même qu’annoncé, on passe de 3500 à 5500. 3500 pour le bateau qui nous emmène sur un îlot et 2000 pour louer palme masque et tuba. En négociant, Mickaël nous fait descendre ça à 4500 apparemment, divisant par 2 la location des équipements.
On monte dans le bateau, 5 minutes plus tard on arrive sur un petit îlot à 300m des côtes. Lancés dans l’eau plutôt bonne (plus de 24°C certainement) on nagera une petite heure. C’est sympa, on voit une raie passer à 5-7 mètres de nous, j’en n’avais jamais vu ailleurs que dans un aquarium ! Le bateau revient nous chercher à l’heure prévue -ils ne nous ont pas abandonnés, ouf-
3500 (environ 27€) pour un tour en bateau de deux fois cinq minutes ça paraît cher tout de même. On reprend le taxi, direction la maison de Rastaman.

La burne qui pose

La burne qui pose

Devant la guest house il demande ses honoraires, ben écoute on va te rembourser 700 quoique t’as du payer moins et que t’as servi à rien là-bas, en plus tu t’es promené gratis en bateau, et 100 de plus pour la peine. Pas content, il nous suit jusqu’à l’entrée de la maison, en voulant 2500 à 3000. Je lui redis pour la ixième fois qu’il fallait exposer clairement dès le début qu’il comptait demander de l’argent, qu’il n’est pas honnête, et qu’en ayant voyagé 1 mois au Mexique on est tombé sur des gens qui nous aidaient, parfois toute la journée, et gratuitement, eux. On lui remontre les tarifs qu’il avait lui même écrit noir sur blanc, de ce que l’on aurait dû payer. Rastaman arrive et avance les 1000 que la burne réclame. En apprenant après coup qu’on lui avait déjà remboursé 700, Rastaman nous dit que ce type est juste un voleur, une mauvaise personne ; en effet, le taxi pour Blue lagoon coûte 600 pour 3 personnes aller-retour. Au final, je pense que le Mickaël s’est mis plus de 2000 dans la poche, incluant taxi et bateau avec lesquels il avait sûrement une combine. Alors ? Ça donne envie d’aller en Jamaïque, non ?

À ce stade du “périple Jamaïque” on décide de sérieusement prendre du recul avec Manon. Je comprends que le pays soit touché par plus de 50% de chômage, que les gens fassent tout et n’importe quoi pour tirer de l’argent, mais là c’est trop. On a l’impression d’être des putains de porte-monnaies ambulants, montés sur 2 échasses.
Notre but du voyage est de découvrir la culture, les gens. Faut-il forcément aller à l’autre bout de l’île, l’ouest, hyper touristique, aux prix doublés voire triplés, pour faire ces découvertes ? On pense honnêtement que non. Les gens seront encore plus habitués à leurrer le touriste. Déjà qu’on n’est pas des habitués au pays, à tout le système, on décide donc d’arrêter l’achat de vaseline, de se trouver un endroit bien sympa pour se poser, et y glander. Objectif : Long Bay, à 45min d’ici, du côté non touristique de l’île. Réputé pour ses belles plages, on y jettera un œil le lendemain, avec l’aide de Rastaman qui désormais nous guidera tout le temps pour ne plus qu’on se fasse avoir, en tout cas ici. On ne fait pour le moment pas grand chose en Jamaïque, pourtant notre budget journalier (environ 90€/j pour 2) est dépassé !

Notre vieux rasta, 100% authentique, Yeah Man !

Notre vieux rasta, 100% authentique, Yeah Man !

20h, Rastaman nous guide vers un restaurant pas cher. On profitera de cette occasion pour échanger avec lui, notamment sur ce qui est religion et philosophie de vie. Ainsi il différencie “confiance” et “confident”, considérant que la confiance c’est lorsque l’on avance par exemple de l’argent à quelqu’un, alors que le confident est une personne avec laquelle on partage de l’amour. Il a une philosophie basée sur “faire le bien”, Dieu serait en chacun de nous et la méditation permettrait de l’écouter et faire les bons choix. Si sa copine est attirée par un autre homme, il ne cherche pas à la garder, il la quitte et la laisse à l’autre. Petit détail, Rastaman, on lui donne 40 ans en le voyant, mais en fait, il en a 55, et 2 enfants, l’aîné ayant l’âge de Manon.

De retour à l’appart on a le droit à ses talents de black chantant bien. Rastaman a écrit des chansons, des rythmiques, mais tout ça, c’est uniquement dans sa tête, rien sur papier. On a droit à un concert en direct, à capella, puis à une session de jumbé où il nous fait découvrir les basiques. Yeah man !

Nos gourdes sont vides, mais Rastaman nous montre qu’il a plein de bouteilles d’eau, prudent, on demande si c’est bien de l’eau minéral, il nous dit que oui.
Le lendemain matin, toilettes, liquide. Bon, re-confirmation : l’eau vient-elle de la maison ? Ah ben oui en fait, nous affirme Rastaman, bon, ben ça vient de là. Yeah man. Plouf.
Après avoir un peu plus étudié le truc, il semblerait que ce soit le jambon de la pizza qui aurait pu me faire ça, par prudence on ne boira plus que l’eau que l’on achète nous même…

3 thoughts on “Port Antonio, changement de plans”

  1. Gros bisous a yeah man ! la jamaique …pas envie d y aller malgré la couleur de l eau …bon à voir la suite…

  2. Un voyage bien préparé n’exclut pas des imprévus, particulièrement lorsqu’elle inclut la nature humaine…..
    De ce point de vue, il est louable de reconsidérer la période prévue en la raccourcissant au profit d’un demain plus bénéfique tant pour ceux qui vous reçoivent que pour vous.

    Demain est un autre jour…

    Bruno

    ps de Valérie: sympathique le régime…weiht.watcher!
    Bon, blague à part…. tu as bien la crème pour les entorses, et celle ci ne déclenche pas d’alarme! muchos bejos, val

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