Córdoba, dernière étape de l’Argentine… Ou presque

On n’a pas encore quitté Mendoza que je me fais enfermée dans les toilettes publiques du terminal de bus. Une porte blindée bien épaisse, pas de lumière, pas de portable, Kévin qui m’attend tranquillement dans un petit restau et qui ne va pas s’inquiéter dans l’immédiat. Bref, j’enclenche mon mode panique ! “Hé hoooo ! Por favooor !”, je me tue les mains à essayer de taper pour que quelqu’un m’entende. J’aperçois à travers une légère fente les gens qui se pressent pour aller prendre leur bus mais aucun ne semble me remarquer. Je pense à mon plat qui va refroidir, à Kévin qui va s’inquiéter, à notre bus que l’on doit prendre… et si personne n’avait la clé ?

On en pense des choses en 10 minutes et pourtant je ne resterai pas plus longtemps dans ma prison. Un homme m’a entendue. Une dame vient me libérer, c’est la femme de ménage qui m’a enfermée et qui se retrouve bien désolée. Ce n’est rien, j’ai vécu bien pire ! Je file retrouver Kévin qui me voit arriver essoufflée et les mains rougies. J’ai été poursuivie par 3 argentins qui voulaient me piquer ma virginité, j’ai dû les assommer à coups de poing mais tout va bien mon ange. Avouez que cette version est un peu plus pimentée.
Bref, petite frayeur de la soirée passée, on essaye de dormir pendant nos 12h de bus mais c’est assez difficile. On ne nous fournit pas de couvertures et il fait froid… On arrive fatigué mais entier à Córdoba.

Notre hôte, Marcos, est l’un des fondateurs du couchsurfing. Il a l’habitude de recevoir beaucoup de gens et c’est un grand voyageur. Il revient tout juste d’un voyage de 5 mois en Amérique latine. Nous sommes logés dans un de ses appartements, à 25 minutes du centre de Córdoba. Il habite ici en attendant que son appartement en centre ville soit fini de restaurer. Il n’aime pas du tout vivre loin des bruits continus de la ville, le calme le déprime, il est désolé de nous accueillir dans ces conditions mais il ne faut pas, loin de la pollution = pas de mal de gorge. Il vit avec un de ses amis de l’Uruguay (Diego) qui attend que sa moto soit réparée pour continuer son voyage de 2 ans, et une mexicaine en couchsurfing (Tifany), grande voyageuse également. Ils ont tous autour de 35 ans.

Le soir, on se retrouve parachuté dans un autre appartement en ville pour manger avec pleins de gens. On était juste sorti pour faire des courses à la base ! Sacré Marcos, il avait tout calculé mais on n’était pas au courant. Ce n’est pas qu’on est sauvage, mais on aurait préféré une soirée tranquille pour se coucher tôt et pouvoir prendre une douche -après 48h dans les mêmes vêtements, c’est pas de trop-. Notre odeur s’infiltre dans les narines de nos hôtes qui commencent à s’évanouir un par un. Je sais que vous ne me croyez pas et vous avez bien raison, on ne pue pas du tout !

cordoba tableau

L’art d’un Monteiro

Deux frères habitent ici. On fait connaissance avec Tifany qui est déjà là. D’autres nous rejoignent au compte goutte : la petite amie d’un des frères, une collègue de boulot à Marcos (Natalia), Diego et sa petite amie (Carmen), un garçon à l’allure efféminée, encore un autre garçon et une coréenne (Jiang) ; on essaiera tous de bien prononcer son prénom mais c’est difficile. Je sais ce qu’elle endure, personne n’arrive à prononcer Manon correctement non plus, j’ai l’habitude à force. Du coup je m’appelle Manone ou Manou, au choix. Et Kévin se transforme souvent en Kébine.

Dans la soirée, le garçon un peu efféminée nous accoste et tout fière il nous chante : “j’ai la quéquette qui colle…”. Les autres sont impressionnés qu’il connaisse une chanson en français mais ils n’ont aucune idée de ce qu’elle signifie ! On aura dû mal à leur traduire exactement mais bon, quelle importance ! Chante mon garçon, le ridicule ne tue pas ! Quoique…
Bref, le temps passe et à 1h30 du matin, enfin, on… Non on ne rentre pas se coucher, on mange ! On ne rentrera qu’à plus de 3h… Une grasse matinée jusqu’à 13h30 et glandouille toute la journée s’impose.

Le soir, on reste manger dans le même appartement dans lequel on est logé. Natalia, la collègue de boulot de Marcos, nous rejoint avec sa fille de 11ans, Mickaella, et son bébé de 5 mois, Maximo. Natalia s’est récemment séparée du père de son bébé, elle a pas mal de soucis et Marcos veut lui changer les idées. Il a préparé un très bon repas et essaye de plaisanter un peu avec Mickaella mais rien n’y fait. La gamine ne décrochera pas un mot de la soirée. Natalia mange avec son bébé dans les bras… essayant de couper du jambon cru avec une seule main ! Impossible, même pour elle. C’est comme Édouard aux mains d’argent essayant de manger des petits pois ! Elle ne mangera presque rien, sa fille non plus et Marcos ne se mettra même pas une assiette prétextant qu’il n’a pas faim. On est les seul à faire honneur à son plat qui le mérite énormément ! Même les glaces en dessert n’auront pas plus de succès. L’ambiance n’est pas mauvaise pour autant.

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Voilà comment Kévin porte sa veste quand il alterne entre le chaud et le froid.

Le lendemain, dimanche 22 juin 2014, on prend un bus à 8h30 pour se rendre au parc national Quebrada del Condorito.
Le bus tombe en panne, on en prend un autre, on perd une heure et on arrive à 12h30, au milieu de nulle part. On marche pendant 2h dans un décors particulier, de buissons et montagnes. On arrive à un mirador d’où il est possible de voir des condors. On en voit mais de très loin en train de voler. On est un peu déçu de ne pas en voir de plus près sachant que cela est possible. On se fera quelques amis, des “zorzal amigo”, des oiseaux peu sauvages qui viennent manger avec nous.

Puis on repart dans l’autre sens, on n’a plus d’eau et j’ai énormément soif. On n’en avait pas prévu assez, quelle galère ! J’ai l’impression d’être au milieu du désert, la gorge sèche et la tête qui tourne. Au bout d’1h30, je trouve mon oasis qui n’est autre qu’une maison d’information avec de l’eau potable.
On arrive à l’arrêt de bus (enfin, au bord de la route), 20 minutes en avance. Deux autres couples sont déjà là depuis un bon moment. Les minutes passent, la nuit tombe et toujours pas de bus. Il fait froid, un des couples tente de faire du stop mais personne ne les prend. On se réchauffe chacun dans les bras de sa moitié comme on peut. Le bus arrive finalement avec 40 minutes de retard et il n’y a plus de places assises. On arrive à Córdoba, il est 21h. Marcos nous a dit qu’il viendrait nous chercher pour éviter qu’on perde trop de temps à prendre un bus à cette heure là. On attend Marcos pendant 45 minutes, ensuite il passe chercher Diego, il s’arrête faire des courses, prendre du gaz pour la voiture (une hybride), décharger des choses dans un appartement… Bref, on arrive à 23h30 à l’appartement et le bus de ville serait allé bien plus vite. Ce n’est pas grave dans le fond mais le soucis c’est que je me sens vraiment extenuée. Je me couche ou plutôt je m’évanouis sur le lit et tombe dans un profond coma…

Je me réveille au bout de quelques heures. Je me sens fiévreuse, j’ai une forte nausée, une grosse migraine et des douleurs musculaires dans tout le corps. Un doliprane me permettra de finir la nuit mais au réveil je suis toujours dans le même état. Je passe la journée dans le lit à lutter contre je ne sais quoi. Les symptômes ne sont pas exceptionnels mais quand on voyage dans plusieurs pays, qu’on se fait piquer par des moustiques et qu’on mange la nourriture locale : un tas de suppositions nous traversent l’esprit et nous inquiètent.

Kévin envoie un message à médecins direct, un site qui nous a été proposé par mon assurance où l’on peut décrire ses symptômes et des médecins nous répondent dans les 48h. Je comate toute la journée sans manger. Le soir je me lève quelques heures mais je suis très faible. Heureusement je passe la nuit à bien dormir. Au réveil, ma fièvre est tombée et je me sens plutôt bien. Un médecin nous a répondu. Nous ne sommes pas passés dans des zones critiques pour le paludisme, si ça ne passe pas, il faudra faire des examens pour s’assurer que ce n’est pas la dengue. À la fin de son message, il me dit “je vous rappelle que ces symptômes peuvent également survenir à la suite d’une déshydratation.” Je n’ai plus de doutes, vu la soif que j’ai eu la veille pendant 1h30 de marche, je sais que je m’étais beaucoup déshydratée. J’avais mis du temps à m’en remettre. Bref, que personne ne s’affole, je n’ai pas la dengue. J’imagine l’hystérie de Valérie, notre infirmière en France, en lisant ce paragraphe. Ne t’inquiète pas, on a bien géré, les anti-nauséeux ont été efficaces et dans le doute, j’ai pris de la doxycycline.

Nous sommes le mardi 24 juin 2014, c’est notre 5ème jour ici et nous n’avons toujours pas visité Córdoba. C’est parti ! Il y a beaucoup de jolies églises, une belle basilique et de beaux monuments. On remarque que pas mal de gens font le signe de croix lorsqu’ils passent devant une église. Avec toutes les églises qu’il y a, ils n’ont pas fini ! On en visite quelques unes, Kévin s’agenouille dans l’une pour faire une prière ou pour se reposer, je n’ai pas trop su !
La nuit, Córdoba est encore plus jolie. Beaucoup de bâtiments sont éclairés de couleurs vives. On se croirait un peu à une fête des lumières. On rejoint Diego et Tifany à une fête qu’on aura énormément de mal à trouver et dans laquelle il y a une foule de monde qui boit des bières ou du vin directement à la bouteille mais pas grand chose d’autre.

cordoba musee

Kévin en pleine contemplation ou somnolence

Le lendemain, on décide en fin d’après midi d’aller visiter le musée de sciences naturelles et celui des Beaux Arts. Nous sommes mercredi et les mercredis les musées sont gratuits (comme à Mendoza). Mais comme on a un peu trop trainé, à 17h30, le musée de sciences naturelles est fermé. On visite celui des Beaux Arts. On n’a pas la même notion du mot “beaux” mais il y a des choses intéressantes. Je ne comprends toujours pas comment quelqu’un peut se faire connaître en peignant des toiles entières d’une seule couleur basique ou en dessinant comme quand il avait 3 ans (et encore il y a mieux comme dessins d’enfants). Mais bon, disons qu’on n’est pas réceptif à l’art moderne ! (Je préfère de loin les tableaux d’une peintre en Ardèche.) On est également tombé sur un peintre du nom de Monteiro, mais Kévin a préféré renier ce côté là de sa famille.

Le soir, on se retrouve à 6 pour manger (Marcos, Diego, Carmen, Tifany et nous). Tifany nous a préparé des tacos typiques de chez elle, donc si vous suivez, des tacos mexicains. Ce n’est pas une découverte pour nous mais on apprécie jusqu’à se faire péter le ventre. En fait, elle en avait préparé pour d’autres personnes qui ne sont finalement pas venues. Du coup on a beaucoup trop à manger.

Le lendemain, jeudi 26 juin, nous avons un bus à 10h. On se lève un peu plus tôt que prévu pour préparer de délicieuses crêpes aux autres, notre cadeau de départ. On n’est jamais resté aussi longtemps chez un hôte. 6 jours qui nous ont permis de nous reposer avant la suite. En effet, nous partons définitivement de Córdoba et de l’Argentine… enfin, c’est ce qu’on avait prévu mais les imprévus font partie du voyage, n’est-ce pas ?

One thought on “Córdoba, dernière étape de l’Argentine… Ou presque”

  1. Alors, un petit coup de chaud Manone!
    L’interêt d’avoir une infirmière c’est que même dans les toilettes elle possède des solutions (le kit ciseaux, pince, et canif!)
    bonne continuation à vous, Valérie

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