La mauvaise foi des Boliviens pour atteindre Samaipata

Les 24 prochaines heures vont être remplies d’aventures, mais le genre que vous ne voulez pas vivre.

On est donc toujours à Sucre, le mardi 15 juillet, milieu d’après-midi. Un tour chez le coupe-tiff, et on demande à l’auberge de nous prendre un taxi. Il est censé arriver à 16h15. 16h25 personne, tchao l’auberge, on va se démerder ! On charge les sacs et fonce à 2 pâtés de maisons prendre un petit bus de ville.
Arrivé au terminal, les billets en poche, le gars nous dit que dans 2 minutes il nous emmène jusqu’au bus, soudain, plus de gars. Le mec est parti en trombe sans nous prévenir. Course dans le terminal pour trouver le bus, un gars ne veut pas me laisser passer sur le quai car on n’a pas payé la taxe du terminal. La file est hyper rapide -heureusement- je file un bonbon à la SDF sans dent devant le guichet, et après avoir couru sur la moitié du quai je trouve enfin ce bus. Au moment de charger nos bagages, on dit bien au chauffeur qu’on descend à Samaipata.
« Ok, alors vos bagages ici », cool, une place spéciale, avec le mode poussière visiblement.
Samaipata est un arrêt 3h avant le terminus : Santa Cruz de la Sierra. Le vendeur du guichet de la compagnie de bus le dit également au chauffeur. Les 2 chauffeurs sont au courant. Et y’a intérêt car l’arrêt se fera entre 2 et 5h du matin, et les gars de l’auberge nous avaient prévenus que parfois les chauffeurs oubliaient de s’arrêter ! À 17h le bus décolle, pile poil à l’heure.

Les paysages sont beaux, la lune orangée est énorme, magique, les étoiles éparpillées dans le ciel sont magnifiques, le trajet de bus se déroule plus ou moins tranquillement car la Bolivie, ça tourne ! Toutes les routes sont à flancs de montagne, les lignes droites n’existent pas. Au bout de 2 heures de bus, ce sont les routes bitumées qui n’existent plus, que de la terre, un brouhaha d’enfer, le pied pour se reposer. À l’arrêt « bouffe » -qui nous est inutile car on avait prévu des sandwichs, marre de se faire avoir sur le « si si, on s’arrêtera » et puis finalement non, bref, à l’arrêt bouffe, Manon demande à l’un des chauffeurs si il sait vers quelle heure on arrivera à Samaipata :
– « Non, je peux pas dire »
– « Non ? mais genre aucune approximation ? »
Bref, visiblement on le fait chier puisqu’on a l’impression de parler à un mur qui détourne le regard. Hallucinant. Le bus repart. On tente de dormir, se reposer jusqu’à minuit, 1h du mat’, pour ensuite être vigilant. Arrive alors des arrêts, le gars allume les lumières et annonce l’arrêt. Ça va le faire ! Par moment des gens descendent. Par moment on fait des pauses, notamment une « toilette », dans un champ, tout le monde cul nu. Normal ici. Encore plus normal de voir les gens qui partent avec leur rouleau PQ dans les champs pendant 10 min et revenir les mains vides. On comprendra que l’écologie c’est pas leur truc ici. A l’arrêt bouffe les gens achetaient des gâteaux, et jetaient les papiers sur la route. C’est normal en Bolivie. Pauvre nature. Ça me fait également penser lorsqu’on a quitté Sucre aux nombreuses collines desquelles il y a visiblement très régulièrement des lâchers de contenu de bennes à ordures. Malheureux.

1h, 2h, 3h, 5h, 5h30. toujours pas d’arrêt. Dehors je crois voir un nom de ville « Mairana » ou un truc du genre. Je vais voir le chauffeur, il ne m’entend pas derrière sa vitre. Manon y va et arrive à se faire entendre. Je la vois parler un peu et rentrer subitement dans la cabine, putain ça pue : je fonce la rejoindre. Les gars disent que le bled est passé depuis 2h.

Je vous laisse imaginer l’état dans lequel on se met dans ce genre de situation. On s’énerve, vraiment. Et les mots en espagnol sortent très bien cette fois :
– « On avait réservé un hôtel, c’est vous qui allez le payer ? Faites demi tour ! »
– « C’est trop loin », lance l’un des chauffeur avec un air négligeant, genre tête à clac, que vous avez vraiment envie de faire claquer sur le volant.
Il enchaine :
– « Une fille est descendue à Samaipata en plus »
– « Ah ouais et pourquoi vous avez pas fait d’annonce et allumé les lumières comme pour les autres arrêts hein ? » lui rétorquais-je. Bien entendu je vous fais grâce des noms d’oiseaux français qui se sont envolés dans tous ces échanges.
Ils font ensuite mine de ne pas comprendre ce qu’on dit, de nous ignorer. Mais c’est ne pas nous connaître. On décide de rester planté dans la cabine pour leur mettre une certaine pression psychologique, malgré les sollicitations de l’un des chauffeurs pour qu’on aille se rasseoir. En même temps des sollicitations où le gars continue de regarder soit ses pieds soit la route… Hein, vous savez ce qu’on en pense. Les gars font donc mine de nous ignorer. Le soleil se lève.
« Et c’est vous qui allez payer l’hôtel à Santa Cruz ? »
– « J’ai pas de sous » mime l’un deux, le plus gros, le seul des 2 qui ose nous répondre, en regardant la route toujours, faut pas déconner non plus.
Manon demande combien de temps avant d’arriver à Santa Cruz. 2h. QUOI ? Ça fait 1h qu’on est planté à côté d’eux ! La ville était à 3h de Santa Cruz. C’est quoi ce bordel ! Ils font encore mine de ne pas comprendre.

Ceci est un bolivien de mauvaise foi au regard fuyant.

Ceci est un bolivien de mauvaise foi au regard fuyant. Ce type d’énergumène semble être capable de se reproduire malheureusement.

Je sais pas ce que vous en pensez, mais à ce stade de l’aventure, ça pue quand même pas mal cette journée non ? Alors soyez rassuré, c’est presque fini…. Enfin, j’aimerais pouvoir dire ça, mais pas du tout.

Vers 8h30 le bus arrive à Santa Cruz. Entre temps le bus à fait des arrêts, et ils ont bien ANNONCÉ à tous les passagers les arrêts. Le bus accroche une voiture dans un rond point. LoL.
Ça fait perdre 10 minutes, et nous permet d’exprimer avec plusieurs passagers notre soucis, ils sont sur le cul. Arrivé au terminal on descend pour récupérer nos bagages… On ne les trouve pas ! Puis je les discerne, cachés et isolés des autres, et surtout DEGUELASSES !
On suit les 2 chauffeurs, on remonte dans le bus en disant qu’on veut être remboursé car on n’a jamais voulu être là, c’est pas notre destination, et c’est leur faute. Ce dernier point sera mon fil directeur à partir de maintenant.
Le gros évite la question et me demande de me pousser car à cause de mon gros sac il ne voit pas le rétro droit. Et ben tant mieux. Je suis collé ! Il semble abandonner, descend du bus et laisse son autre pote prendre le volant. On lui redit la même chose. Mais voyant qu’il commence à limite sortir du terminal, j’envisage les choses autrement : qui et où peut-on se faire rembourser, le bureau de ta compagnie est là bas ? Ok, et ton nom ? Carlos, ok. On descend et rejoint le terminal en direction du bureau de l’agence. En plein milieu de la rue que voit-on, le gros qui revient. BLOCAGE !

Je lui lance « Allez viens, tu vas assumer tes erreurs et on va aller ensemble au bureau de ta boîte pour se faire rembourser. Tu t’appelles comment ? »
– « José », semble t-il bafouiller
– « Et ton pote ? »
– « Jésus »
– « Oui bien sûr, c’est marrant il a pas dit pareil. »
Il commence à vouloir continuer d’avancer, prétextant qu’il doit y aller, qu’on l’attend, Manon lui prend le bras. Il se débat et continue, je me mets sur son trajet et le bloque délicatement, tout se fait en douceur pour le retenir. On est au beau milieu du parking du terminal, et notre manège ne passe pas inaperçu, 2 hommes approchent. L’un fait parti d’une sorte de « atención de los turístos », et en comprenant la situation il dit clairement au gros : « Ce sont des touristes, il faut en prendre soin, vous agissez mal ». L’autre est un policier. On leur explique la situation, le gros s’empresse de se défendre : « ils dormaient quand on a signalé l’arrêt ». Ben voyons mon con ! Bref, au final, sous la pression de tout ce monde, le gros lâchera 70 bolivianos, somme apparemment nécessaire pour que l’on retourne à Samaipata.
Le gars de la défense des touristes nous conduira à un taxi qu’il paiera pour nous emmener à un endroit pour prendre un bus rapidement. Oui, « rapidement » car sinon les prochains bus pour Samaipata sont à 17h. On n’est pas mécontent de quitter le gros, quoiqu’on aurait bien voulu exposer ses torts devant son boss.

Ouf, à ce stade on a tout de même la présence d’esprit de se rendre compte qu’on est tombé sur 2 boliviens sympas. C’est pas de trop !

Le taxi nous trouve au second essai une sorte d’agence dont la navette part dès qu’elle est complète. On attendra seulement 45 minutes, le temps de se rafraîchir, et on décolle vers 11h pour Samaipata dans le combi. Tout cela nous coûtera 70 bolivianos, pile poil, et encore heureux.

2h plus tard, on arrive, le taxi collectif nous dépose, ouf, nous voilà enfin où on aurait dû être cette nuit ! Hey mais attends, Manon, mon blouson ! Putain il est resté dans le coffre du taxi. Et oui, faute de la fatigue, manque d’attention, le gars gentiment nous a déposé nos sacs, et j’ai complètement zappé que mon blouson était dans son coffre.

En 1 minute de temps c’est la panique, mais un taxi passe et on lui lance le fameux « il faut suivre cette voiture » ouais, sauf qu’on la voit déjà plus ! Bref, 20 minutes pour atteindre la ville suivante, qui s’appelle, tadaaaaaaaaaa : Mairana (ça vous rappelle quelque chose non ?). Le gars conduit bien et vite, en arrivant sur la ville, on voit la voiture de devant tourner à gauche, c’est notre ancien taxi. Shlac, il se gare à côté. Je récupère mon blouson, ouf. La journée est sympa non ? Ah j’ai oublié de préciser quelque chose de capital. Depuis ce matin, 8h on crève de chaud. Les -15°C des Geysers del Tatio, ou les 2°C d’Uyuni sont loin, là on est en T-shirt : 25°C au soleil, minimum.

Si vous avez bien suivi, vous avez remarqué que la ville que j’avais aperçue avant qu’on aille demander au chauffeur était Mairena. Et bien il venait probablement de la passer depuis à peine 30 minutes, donc on venait tout juste de dépasser Samaipata, cela ne faisait pas 2h comme il l’avait dit ! Cette mauvaise foi transpirante et leurs airs fuyants nous ont vraiment dégoûtés des boliviens, bien que certains tentent de rattraper le coup. On sait qu’il ne faut pas faire de quelques cas une généralité, mais on accumule une quantité assez impressionnante de galères depuis notre arrivée dans ce pays. Au final on aura fait le trajet Sucre – Samaipata en 17h et beaucoup de stress au lieu de 10h. Next.

3 thoughts on “La mauvaise foi des Boliviens pour atteindre Samaipata”

  1. Pauvre de vous, nous compatissons.
    C’est sur ce n’est pas le club med !!!!!
    Vivement le Pérou.

  2. Vous vouliez un voyage tranquille ???? Hé be ……l aventure c est l aventure …non déjà en film….. bref ….vous êtes rodés ….mais c est palpitant …….

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