Le soir, on a pris l’habitude de se balader en ville, manger un bout -à 7€ pour 2 ça vaut le coup- faire un tour dans un cybercafé, mais également de se taper les SDF et autres racauleurs.
Si au début ils sont toujours gentils à parler de tout et n’importe quoi, au bout de 5-10minutes ils deviennent vite insistants à nous demander subitement de l’argent. S’en débarrasser nécessite de la spontanéité et de l’originalité. Mais ça fonctionne plutôt bien. Un soir on retombe sur un « jeune physiquement » (on lui donnerait 23 mais il a 35 en réalité) que l’on avait déjà vu un autre jour. Après lui avoir répété que nous n’étions pas des portes-monnaies percés ambulants, on va au cyber café du coin, et en ressortant on se dirige vers un snack pour combler notre faim. À peine posé, voilà que j’entends « Hey doctor, hey french, hey France », le jeune « vieux » est à la porte du snack. Je lui fais signe de venir. Il dit qu’il ne peut pas entrer, qu’il n’a pas le droit, alors je lui fais signe de nous laisser tranquille car là on mange, mais il insiste et continue de nous appeler. Je dis à Manon de l’ignorer. Au bout de 2 min, c’est une femme du snack qui le vire de devant la porte.
Si je raconte ça, c’est parce que ce genre de situation n’est pas facile à gérer. D’ailleurs on le vit différemment avec Manon. D’un côté Manon serait plutôt sur la pitié, à lui donner un bout de notre nourriture. Car un minimum d’empathie nous prend et sur le fond il fait de la peine, on est humain. D’un autre côté, on n’est pas mère Thérèsa, je ne viens pas ici pour filer de la bouffe et claquer notre argent à tout ceux que je croise, car soyons cohérent, soit on donne à tous, soit aucun. Car comment faire du favoritisme, pourquoi donner à l’un et pas à l’autre ? Ce soir là je me dis qu’on est à Port Antonio depuis 4j et pour encore autant, il est 22h, y’a des SDF tous les 20 mètres dehors, la pauvreté est présente partout, et si je lui donne quoique ce soit, demain lui et 2 de ses potes reviendront. On était une dizaine dans le restau, il ne nous demande qu’à nous, pas aux autres -aux jamaïcains-, seulement aux 2 blancs, qui ne passent d’ailleurs pas inaperçus sur ce côté de l’île où l’on ne croise aucun touriste. Bref, le gars on lui dit qu’on travaille dans la biologie, et j’insiste volontairement en disant qu’on est des simples techniciens de base, tout pourris, et qu’on voyage avec le moins d’argent possible, et il résume ça à « docteur, blancs, argent ».
Plus haut je vous disais qu’on se baladait en ville, mais à quoi ressemble t-elle ? Car ça vaut le coup d’œil.
Je ne sais même pas par où commencer. Ah si. Déjà, Port Antonio c’est la plus grande ville du Nord-Est de la Jamaïque, yeah man ! C’est aussi les rues les plus pourries qu’on n’a jamais vues pour une ville, yeah man ! C’est également une ville où à chaque coin de rue y’a une voiture, un bar, ou une maison qui a la sono à fond pour nous faire partager sa musique, yeah man ! Manon a été pas mal choquée par l’effet bidonville, route pourries que dégage la ville. Les toits sont du style à s’envoler à la prochaine tempête. Les façades sont pourries, bref, une photo parle très bien pour ce qui est du visuel du centre ville -en-tête de l’article compris-
Personnellement, je trouve juste cette ville typique, c’est le côté jamaïcain, le vrai, non développé pour accueillir des tonnes de touristes, ce qui explique que l’on puisse être déconcerté si on s’attend à trouver des rues bitumées en centre ville, des trottoirs et des bâtiments non vétustes aux couleurs assorties. Le côté ordures qui traînent et les odeurs d’égouts sont parfois gênantes. Pour vous transporter pas le choix : taxi ou minibus que vous appelez depuis le bord de la route. Les prix sont aléatoires, donc si vous arrivez tout juste ici, vous vous ferez avoir si personne ne vous prépare aux tarifs approximatifs pratiqués habituellement pour telle ou telle destination -notre exemple pour aller à Blue Lagoon le premier jour est parlant, payer 350 chacun au lieu de 100-
Port Antonio est au bord de la mer des Caraïbes, pourtant, ses seules plages sont minuscules et soit rocheuses, à cailloux, soit à sable noir avec des ordures flottantes. Seule exception : la petite plage qu’on a trouvé par hasard à la périphérie est de la ville ; et encore, au bout de 3 mètres dans l’eau on avait des roches sous les pieds, et au bout de 10 mètres des algues. On est loin des plages idylliques comme celle de Long Bay.
Néanmoins, il faut préciser que Port Antonio est une ville paisible. Sûrement le fait qu’il y ait le poste de police en plein centre, c’est pourquoi on se permettait d’y passer le soir -je rappelle qu’il fait nuit à 19h15 ici !-
Si vous voulez vous faire votre propre idée de la Jamaïque, au delà des livres, reportages et blogues, je vous conseille vraiment de passer quelques temps dans cette ville, cette atmosphère, très différente des grosses capitales de type Kingston.
Pas évident cette problématique des sans-abris :S Bon courage avec les côtés un peu durs de ces coins-là, ça ne doit pas être agréable à voir et surtout difficile de se sentir impuissant. En tout cas votre ballade à Long Bay avait l’air vraiment magnifique, et je suis jalouse de pas avoir goûté votre chocolat local 😛
Et surtout je suis contente que vous alliez bien ^^ Bisous les loulous !
Je pense que la Jamaïque va vous laisser un sacré souvenir …..bon soignez vous tous les deux car la prochaine etape ( loin loin) ne sera pas la même ♥