Blue Mountains, journée de m*rde

Première journée en Jamaïque : glandouille. Même après une bonne nuit de sommeil, on préfère se reposer encore. En plus le cadre est idéal : la nature, les montagnes, les chats… Et on a de quoi manger avec les courses que l’on a faites la veille. On fera juste une petite balade autour de l’hôtel pour admirer la vue sur les montagnes.

Deuxième jour : re-glandouille. En fait on avait prévu une balade proposée par le gérant de l’hôtel mais la journée a été reportée au lendemain. Du coup, on décide d’aller faire un tour en ville pour manger et visiter le musée de Bob Marley qui n’est nul autre que sa maison. L’entrée nous coûte 15€ chacun, c’est cher, les Jamaïcains paient 4 fois moins cher. On n’est pas de grands fans de ce rastaman mais il nous intrigue.

Troisième jour, samedi 3 mai 2014, on se lève tôt pour aller au pic de Blue Mountains, une célèbre montagne en Jamaïque parce que c’est le plus haut sommet. Départ prévu à 6h30. A 6h40, Courtney vient toquer à notre porte pour nous signaler qu’on est en retard (détail à retenir pour la suite).
1 heure à bord d’une jeep, c’est mieux pour ces petites routes de montagnes pleines de bosses et crevasses. J’ai l’impression d’être dans un manège à sensation, le danger en plus. On a dormi environ 5h30 mais impossible de somnoler dans ces conditions, il faut s’accrocher. Quand il nous dépose, j’ai l’impression d’avoir déjà fait du sport. Son frère sera notre guide. Courtney nous dit qu’il revient nous chercher dans 7 heures. Quoi ?! On pensait que dans les 7 heures qu’il nous avait dit, il comptait le trajet en voiture, mais non.

L’ascension commence. Lee, le frère de Courtney, commence par nous dire qu’il n’aime pas son frère, qu’il se fait exploiter, qu’il n’est pas heureux et que ça le fait chier de faire cette balade. Ok… Heureusement il sera sympa avec nous malgré tout. Au bout de 15 minutes, on arrive à un panneau. Lee nous explique que Courtney aurait dû nous arrêter ici mais comme il avait un invité à aller chercher, il nous a déposé avant. Donc c’est ici le départ de la grande torture qui va suivre.
La première demie heure est dure, il fait chaud et on ne fait que de la montée. Au bout d’1h30, on arrive dans une petite clairière où se repose un groupe de randonneurs (on n’avait encore croisé personne). Je me dis qu’on est peut être vers l’arrivée… Pauvre de moi ! C’est juste l’endroit où on nous fait payer, 4000 dollars Jamaïcains (JMC) soit environ 30€ pour nous deux, plus cher que ce que nous avait dit Courtney mais bon, on n’a pas vraiment le choix, on n’a pas fait tout ce chemin pour rien.

Notre calvaire continue, à chaque fois on pense être bientôt au sommet mais ce n’est qu’un leurre. On souffre beaucoup, surtout moi. Le chemin est tout de même plus agréable que la première partie, un petit chemin à l’ombre à travers la forêt. Au final, on mettra 2h depuis qu’on a payé. Donc, je vous fais le calcul (pour ceux qui blue mountains peakn’aiment pas les mathématiques), 3h30 de montée ! C’est facile d’écrire ça, tout se résume à “3h30 de montée”… Ouais ben plus jamais ça ! On est à 2 243 mètres et le pire, c’est qu’il n’y a rien à voir ! Le pic c’est simplement un bout de ferraille en forme de pic, aucune vue, juste des petites fleurs bleues, des insectes et le soleil qui tape fort. Il y a également les nuages qu’on voit se déplacer très vite, c’est beau mais tous ces efforts n’en valent pas la peine. Le pire (je peux commencer toute mes phrases comme ça), c’est qu’on n’a emporté que 2 barres de céréales chacun, qu’on a mangé en route et Courtney ne nous a pas prévenu que la balade était aussi longue et qu’il ne nous avait rien prévu à manger.
Une demie heure de pause et nous voilà répartis pour la descente, plus facile en terme d’effort physique mais qui accentuera nos courbatures. Kévin s’était légèrement tordu la cheville à la montée et finit de se faire mal alors que l’on n’a pas encore fait la moitié de la descente.
On ralentit le rythme mais il devra supporter sa douleur jusqu’à la fin. Je m’arrête quelques fois pour prendre des photos, on a parfois des points de vue (voir la photo plus bas), meilleurs qu’au sommet mais qui ne valent pas la vue que l’on a autour de l’hôtel…

2h20 plus tard, on est à l’endroit où nous a déposé Courtney, 7h avant. On est pile dans les temps, parfait ! Courtney n’est pas encore là et Lee veut continuer. On le suit lentement, on s’arrête pour manger des sortes de framboises sauvages. On commence à en avoir marre, on est fatigué, on a faim et Kévin a mal à sa cheville. On arrive devant une maison isolée. Il semblerait que l’on puisse manger de la nourriture typiquement jamaïcaine, ce serait parfait. La femme nous propose des boissons et des petits gâteaux secs industriels. On prend 1 bouteille d’eau et un paquet de gâteaux. Lee prend une boisson et une sorte de brioche. Lee nous dit que cela coûte 500 dollars, on prend l’air étonné, c’est cher. En fait, c’est le tout qui coûte 500 dollars mais notre part n’en coûte que 100. On n’a malheureusement qu’un billet de 500, on ne nous rendra pas la monnaie, Lee nous fait payer sa part sans gène. On regrette d’avoir acheter quelque chose, il nous restait un peu d’eau et les gâteaux n’ont aucun goût, c’est vraiment parce qu’on a faim. Lee discute avec les gens qui vivent ici mais ils ne nous font pas participer à la conversation et parlent un jargon qu’on ne comprend pas.

Courtney a déjà plus d’une heure de retard. Lee veut continuer plus loin sur le chemin mais on refuse de le suivre. On attend, assis sur un banc, mis à l’écart. Pas tout à fait, il y a un chien adorable qui vient nous réconforter. On entend le bêlement continu d’un bouc et celui d’un petit garçon qui lui répond en l’imitant. Un autre enfant joue ou plutôt se torture à faire rouler une roue de 4×4 trop lourde pour lui. Il s’en plaint beaucoup mais continue. Et nous on attend, encore et encore. Quand on décide de rejoindre Lee, on le voit revenir. Il a oublié son téléphone portable à l’hôtel mais il a pu joindre son frère en empruntant le téléphone d’une maison un peu plus loin. Courtney a plus de 2h de retard mais il semblerait qu’il soit sur la route donc dans moins d’une heure il devrait être là. Lee lui a donné comme point de rendez-vous la maison un peu plus loin. On est donc obligé de marcher encore un peu.

blue mountains

On a vu des montagnes beaucoup plus belles mais qu’on n’a pas pu prendre en photo…

On passe le temps à caresser le chat, les chiens, les chiots mais toujours pas de Courtney en vue. Au bout d’une heure, le vieux rasta qui habite ici nous informe qu’il vient d’avoir Courtney au téléphone et qu’il est sur la route… Sauf qu’on nous a déjà dit ça y’a une heure, c’est louche ! On a froid depuis un bon moment, heureusement qu’on a pris nos polaires. Courtney nous avait dit de ne pas les prendre, on a bien fait de ne pas l’écouter. La nuit finit par tomber et on est toujours coincé ici, sans avoir mangé de la journée (à part nos barres de céréales et nos gâteaux secs, pour ceux qui suivent). On finit la brioche de Lee, enfin, la brioche qu’on lui a payée ! Je commence à me demander si on ne va pas passer la nuit ici…

On s’assoupit dehors sur un banc. Les polaires ne suffisent plus, on a très froid et toujours faim. Le vieux rasta nous propose à manger, ça nous coûte 800 dollars chacun. On lui dit qu’on n’a pas d’argent (on essaye de lui faire pitié), il nous dit qu’il s’arrangera avec Courtney. Il nous doit bien ça, non ?! Pendant qu’on mange des légumes et des racines de plantes qu’on ne connaît pas, Courtney arrive enfin. Score final : 4h30 de retard. Pas d’excuses, pas d’explication et en plus il nous presse pour finir nos assiettes en tapotant sa montre, genre on le retarde, comme ce matin ? Alors nous on n’est pas à 4-5h près, par contre lui il est à 10 minutes près. On remonte dans la voiture énervé mais surtout exténué. Courtney aggrave son cas en nous reprochant d’avoir payé trop cher l’entrée pour se rendre au pic, on n’aurait dû négocier au prix qu’il nous avait dit. Le prix était indiqué sur un panneau, comment aurait-on pu deviner qu’on pouvait négocier et ce n’est pas son frère, planté à côté de nous à ce moment là qui nous l’aurait dit ! Au bout d’une heure, quand la route s’améliore un peu, je commence à somnoler. Kévin me chuchote qu’on n’a pas pris la direction de l’hôtel. Mais où va t’on bordel de m…. ! On passe chercher un états-unien qui va loger à l’hôtel (tout comme il aurait dû venir nous chercher à l’aéroport). On se serre à 3 à l’arrière de la voiture, je continue à dormir dans les bras de Kévin. On arrive à l’hôtel à 22h, plus de 15h qu’on est parti depuis ce matin. Je pense qu’on aurait mieux vécu les choses si on avait eu à manger. Ce n’est pas les quelques légumes qui nous auront suffis mais on tiendra jusqu’à demain.

On file à la douche malgré la fatigue. Comme on n’a pas beaucoup de vêtements, je décide de fournir un dernier effort pour en laver quelques uns. Mais impossible, on n’a plus d’eau. En Jamaïque, il y a des soucis d’eau donc ils coupent l’eau régulièrement pour l’économiser. On vivra pas mal d’autres restrictions d’eau.

On se couche énervé, Courtney n’a pas intérêt à venir nous demander de l’argent ce soir. Oui, parce qu’en plus on va devoir payer pour ça !

Le lendemain matin, comme prévu, les courbatures sont bien là, surtout les fesses et les chevilles. J’ai également de gros coups de soleil aux bras.
Courtney nous annonce ce qu’on lui doit pour les nuits et la journée d’hier. Après réflexion, il reprend sa feuille et nous rajoute le repas qu’il nous a payé la veille. Là s’en est trop, même si je n’arrive pas bien à m’exprimer en anglais, je lui fais comprendre avec l’aide de Kévin qu’on ne voulait pas manger là bas mais qu’il ne nous avait pas prévenu qu’on n’aurait pas à manger et qu’il aurait 4h30 de retard ! Voilà pourquoi on s’est dit qu’il paierait. Sur le coup il prend l’air surpris, limite à rigoler et puis comme on insiste et qu’il voit qu’on n’est pas content, il finit par barrer le repas. Au final, on paye cette randonnée 15 000 dollars jamaïcains soit 100€ ! Pas la peine de vous dire ce qu’on en pense…

Programme de la journée : on veut partir pour aller à Port Antonio. Courtney nous propose de nous y emmener pour 60€, bien plus cher que les bus mais il nous fera une visite des côtes. Sur le coup, je n’ai pas envie de me retrouver encore avec lui mais après réflexion, on se dit que ce sera plus simple que d’aller chercher un bus on ne sait où avec nos gros sacs, les courbatures et la chaleur. Nous voilà partis, on passe encore sur de très mauvaises routes mais la vue est extraordinaire. Au milieu des montagnes à perte de vue, la végétation est impressionnante, il y a de très grands palmiers qui dépassent par endroit. J’essaye d’immortaliser ces images dans ma tête, frustrée de ne pas pouvoir prendre de photos.
Finalement, on a payé 45€ de plus qu’un bus pour seulement s’arrêter une fois pendant 5 secondes, sans descendre de la voiture, pour faire une photo de la mer… Ça fait cher la photo !

On arrive bientôt à Port Antonio, la suite déjà écrite par Kévin. On n’a pas souvent Internet donc on a pleins d’articles de retard… Le côté positif c’est que si vous lisez ces lignes, c’est qu’on est toujours vivant plusieurs jours après.

4 thoughts on “Blue Mountains, journée de m*rde”

  1. Et Ben !
    Les gens sur lesquels vous êtes tombés sont beaucoup moins bien qu’au Mexique ! J’espère pour vous que ce sont les pires personnages que vous rencontrerez !

    J’ose imaginer votre consternation lorsque, arrivez en haut, vous vous êtes retrouvé devant ce pauvre truc en fer de 2 m de haut !

    Bon courage pour la suite !

    • Tu as malheureusement tort, on a trouvé pire en personnage -ou équivalent-
      Mais tu as bien compris l’idée de notre consternation xD

  2. sympa blue montains mais pourquoi ce nom ? cela devrai plutôt être iron montains ou exhausting montains .

    • C’est la première question que j’ai posée ! Supposition : c’est le pic le plus haut de la Jamaïque, donc le plus proche du ciel, qui lui est bleu.

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